Lotissement agricole

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La notion de lotissement agricole naît d’une pratique liée à l’exploitation agricole familiale. Possédant des terrains près de Lyon sur la commune d’Eveux, à 40 kilomètres du siège d’exploitation et à 20 kilomètres de Lyon, nous emmenons tous les ans une quarantaine de moutons sur ce site ainsi qu’une dizaine de génisses. Les pâturages à moutons sont les plus proches du centre bourg ayant connu depuis les années 1950 un très fort développement pavillonnaire. La partie sud de la commune où se trouve l’ensemble des pâturages est désormais la seule non construite, faisant l’objet d’une pression foncière importante même si la volonté communale semble désormais d’être de conserver cet espace comme non bâti. Pour l’exploitation ces terrains représentent un intérêt du fait d’une augmentation des surfaces en période estivale, déchargeant ainsi les surfaces se trouvant sur le siège principal. Ces pâturages étant aussi à plus faible altitude, l’herbe y pousse plus tôt nous permettant d’y emmener une partie du troupeau dès le mois de mars. A l’inverse l’éloignement pose des problèmes importants. La surveillance est moins facile même si des membres de notre famille habitant à proximité permettent une présence proche permanente. La question des chiens dans les lotissements autour est aussi un problème important. Les chiens sortant parfois de ces lotissement impliquent des attaques régulières sur les moutons, la plus importante ayant entrainé la mort de 15 brebis sur 40, 15 autres ayant été blessées de manière plus ou moins grave. Les bergeries permettant l’abri des brebis sont aussi proches des habitations, entraînant dès les premières chaleurs une présence importante de mouches. Ces pâturages n’ayant pas de points d’eau, cela implique aussi soit de les alimenter par le réseau d’eau potable, soit d’emmener régulièrement de l’eau avec une tonne tractée. La pression foncière sur ces espaces entrainerait la volonté de les vendre pour construire, les propositions de promoteurs ayant déjà été nombreuses. Cela entraînerait cependant la perte de ces surfaces agricoles qui se plus sont en propriété familiale.
Lors du travail de diplôme commun en 2006, nous avions alors essayé d’imaginer une forme hybride permettant à la fois l’urbanisation partielle de ces terrains tout en conservant leur usage agricole. Les habitations seraient regroupées sur les bordures s’organisant autour d’un vaste pâturage central planté d’arbres fruitiers (largement présents sur site). Le pâturage serait occupé par les moutons pendant la période estivale, le reste du temps il serait ouvert et deviendrait un espace collectif ayant un usage de parc partagé, les surfaces extérieures non productives des habitations étant ainsi limitées au maximum mais s’ouvrant toutes sur ce pâturage central. Ce système permettrait aussi d’assurer une présence humaine forte surveillant le pâturage. Les eaux des toitures seraient récupérées pour l’abreuvement des moutons. La bergerie serait sur un point éloigné du pâturage groupant à côté les jardins potagers des habitants limitrophes du pâturage bénéficiant à la fin de l’année du fumier accumulé pour l’amendement.
Dans ce prolongement nous avions été contacté en 2011 par un promoteur afin d’envisager la construction d’un quartier avec logements semi-collectifs et individuels sur un espace agricole (pâturage à moutons) en bordure d’un bourg en Haute-Savoie. L’esquisse réalisée de leur part présentait un englobement total de la parcelle conquise ainsi que des espaces extérieurs conséquents. La proposition que nous faisions partait du même principe qu’à Eveux, en regroupant les groupes bâtis à proximité des axes en créant une succession de plusieurs parcs pâturables au sein de ce quartier, directement reliés aux autres pâturages limitrophes prévus pour être conservés.